Vettii

Grigy (57)

Structures, conteneurs et contenus

L’archéologie met au jour les vestiges de nombreuses infrastructures de production agricole. Lorsque leur conservation est mauvaise, il est difficile d’identifier la fonction des bâtiments, et par là l’activité des domaines agricoles. Les études se sont souvent limitées à l’étude des plans révélés au niveau des fondations car les témoins des activités agraires sont peu visibles. Durant les dernières décennies, les sciences botaniques et géologiques ont proposé de nouvelles approches pour l’analyse des sols. L’archéobotanique a apporté des moyens efficaces pour l’étude des paléoenvironnements grâce aux macrorestes conservés (charbons de bois, graines, fruits) et aux microrestes comme les spores, les pollens et les phytolithes. Ces derniers, microfossiles micrométriques de silice ou d’oxalate de calcium qui précipitent entre les cellules des plantes vivantes, renferment une forte valeur taxonomique car ils permettent d’identifier des familles de plantes, voire le genre ou l’espèce (Bauer et al. 2011). Leur présence indique des végétaux et leur utilisation éventuelle dans le cadre de pratiques agricoles. Les sphérolithes d’origine fécale, cristaux de carbonate de calcium formés dans l’intestin de certains animaux notamment les herbivores, renseignent quant à eux sur des pratiques pastorales (Brochier et al. 1992). Les sols sont aussi souvent analysés par voie chimique. Le dosage des phosphates sous forme minérale, organique et du phosphate total permet de rechercher des perturbations chimiques d’origine anthropique (Sjöberg, 1976). Ces analyses, faciles à mettre en œuvre, peu coûteuses et rapides, permettent de multiplier les mesures et de cartographier des parcelles. En revanche, elles ne permettent pas d’identifier les activités car le phosphore peut provenir des os, mais aussi des excréments ou des végétaux. Utilisés pour cartographier les teneurs en phosphore et en acides gras dans le sol, les spots tests sont d’une grande aide pour le choix de prélèvements représentatifs en vue d’analyses organiques (Pecci et al. 2013, Pecci et D’Andria 2014). La micromorphologie et les études de susceptibilité magnétique apportent des informations complémentaires, notamment parce que la dégradation de la matière organique par les bactéries du sol influence la formation de minéraux magnétiques (Broes et al. 2012).

Un examen critique des différentes méthodologies recherchant les espèces minérales (i.e. Al2O3, CaO, Fe2O3, Mn et P2O5) pour détecter des dépôts de fumier ou de purin, a montré qu’il n’existait pas de différence significative de concentration entre des sols amendés ou non (Evershed et al. 1997). D’autres voies de recherche ont alors été proposées, fondées sur la recherche par des analyses organiques de biomarqueurs conservés. Aujourd'hui, les analyses organiques permettent d’identifier la fonction de structures de production dédiées à l’huile ou au vin, ou l’identification d’espaces de stabulation par exemple.

N. Garnier (à paraître). L’apport des analyses chimiques organiques à la caractérisation des structures agricoles : le cas des installations oléicoles ou vinicoles et des espaces de stabulation. In Produire, transformer et stocker dans les campagnes des Gaules romaines. Problèmes d’interprétation fonctionnelle et économique des bâtiments d’exploitation et des structures de production agro-pastorale (AGER), actes du Congrès de Clermont-Ferrrand, juin 2015.